Au Nord-Ouest de Dijon et jusqu'à Châtillon sur Seine s'étend une série de plateaux calcaires modelés uniformément
depuis le Tertiaire de " grands plis mornes rongés de talus et de friches " (G Roupnel).
Entaillés au nord par la Seine, au sud par la Tille et ses affluents,
la Montagne Bourguignonne est une zone de partage des eaux dont le relief actuel
doit aussi beaucoup au climat périglaciaire qui y régnait au paléolithique.
En effet, le sous-sol calcaire, alors gelé, ne jouait plus son rôle absorbant et
l'érosion torrentielle put alors creuser les " combes " et les vallées sèches
que nous voyons aujourd'hui. Au réchauffement néolithique, le plateau est redevenu perméable,
le drainage superficiel a disparu avec les cours d'eau qui n'ont continué de couler
que lorsqu'ils se trouvaient sur des marnes imperméables ou étaient alimentés par des résurgences
karstiques.
Le Suzon est un de ces cours d'eau, qui borde à angle droit la partie nord du plateau
d'Etaules avant que son lit de torrent asséché ne recueille plus que les égouts de
l'agglomération dijonnaise... Cette partie de la Montagne aux portes de Dijon, est,
de par son orientation, la plus sèche. C'est une sorte de Causse bourguignon où la forêt cherche
les fonds de combe et l'ubac des vallées fossiles, laissant à la charrue un plateau pauvre
que l'homme a cependant occupé avant la Plaine. Le milieu naturel, austère de prime abord,
a permis " les ressources qui s'ajoutent " dont parle Roupnel, ce qui n'a jamais été plus d'actualité
qu'en cette fin de siècle pour cette banlieue de Dijon.
La base du plateau est formée de calcaire massif
puis se trouvent des marnes de teinte bleutée devenant ocre par oxydation artificielle,
bien visible dans les talus bordant la RN 71. La masse la plus importante est formée par les calcaires blancs qui marquent le paysage de leurs falaises.
D'une porosité maximale, du fait des fissures, ils formeront sous l'effet de l'érosion pluviale un important réseau karstique
qui se traduit ça et là par des dolines ou des avens (" trous ", " creux ", " puits ")
comportant des galeries correspondantes aux différents niveaux de la roche (grotte de Tire-Barbe).
Ensuite le calcaire menu est une pierre de construction qui, exploitée sur le plateau d'Etaules
forme les pierres de taille des maisons du village. Au-dessus sont les calcaires de la Dalle nacrée
(appellation due à la présence de coquilles d'huîtres).
Délitée par le gel, la Dalle nacrée est exploitée depuis longtemps pour les " laves " ;
épierrées lors des labours, ces laves forment les murgers, les toits et les murs d'enceintes du plateau.
Liées à la fin de la période glaciaire les roches cryoclastiques, localement exploitées comme sablières
(route d'Etaules à Messigny). C'est dans ces éboulis que l'on trouve, très colmatés mais visibles,
les terriers des marmottes qui vécurent il y a quelques 100000 ans et dont on découvre parfois le squelette bien conservé dans leur gangue de sable.
Plaquée sur la Dalle nacrée les limons rouges forment le sol cultivable.
Les gisements de fers :
En Côte d'Or, mines et hauts fourneaux ont été exploités depuis longtemps puisque
la plus ancienne forge connue dans la région (celle d'Aignay le Duc) remonte à 1382.
A Etaules, il ne semble pas que le minerai de fer ait été exploité de façon régulière ni surtout
qu'il se soit rattaché à la mine oolithique. Le minerai contenait 80% de déchets, était lavé sur place une première fois (la Fontaine des Anes).
Comme l'a signalé l'Abbé Joly, les populations celtiques qui occupaient le plateau ont utilisé les grains et les blocs de fer très riches(6 à 85%)
qui se trouvaient dans les dépressions.
La tradition et les récits montrent qu'au XIX° siècle,
après la pluie ou lors des labours on ramassait et l'on mettait de côté les nodules ferreux
que l'on portait, au panier, au haut fourneau de Val Suzon. Cette activité complémentaire
relevait davantage des ramassages d'escargots ou des champignons. Les " creux de mine "
que l'on trouve ici et là (Grandes Mottes, Bois Dufour, Combe Chaudière...) sont probablement
des traces d'exploitations très anciennes, parfois refouillées au XIX° siècle,
dont les traces s'estompent peu à peu.
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